Yoshinori-Kono
Un grand parmi les grands, qui ose exprimer ses pensées … et qui nous incite à la réflexion ! Voici un extrait d’un article du magazine Dragon N°29 (septembre-Octobre 2008) écrit par Tamaki Léo.
Yoshinori Kono : un pratiquant d’exception: Yoshinori Kono est sans conteste le budoka le plus célèbre du Japon. Capable d’améliorer les performances de sportifs de haut niveau ou le jeu de musiciens professionnels grâce à l’utilisation du corps selon les principes du bujutsu, il est surtout un pratiquant d’exception, excellant aussi bien dans le travail aux armes qu’à mains nues. Il a accepté de partager avec nous le fruit de ses réflexions dans un entretien exclusif. Par Tamaki Léo.
Question : vous pratiquez aussi le Bato jutu ?
Réponse de Me Yoshinori Kono : « Oui. Au départ, j’ai entre autres étudié le Kashima shin ryu, mais ma pratique s’est modifiée petit à petit jusqu’à un travail assez personnel. Comme vous le savez, au départ, le Iaï ou Batto s’est développé à partir de situations où l’on affrontait un adversaire qui vous menaçait, le sabre déjà en main. Mais c’est un travail qui n’existe plus dans aucune école. Aujourd’hui, même en admettant que la lame de l’adversaire est à quelques centimètres de vous, chacun s’emploie à armer. Il est évident que personne n’aurait pratiqué ainsi dans le passé ! Le temps que l’on dégaine et arme, l’adversaire aurait déjà coupé depuis longtemps. Lorsqu’on lit les densho (N.d.a : écrit transmettant les enseignements dans les écoles traditionnelles et se présentant également sous la forme de rouleaux), il est écrit des positions où le kissaki de l’adversaire se trouve près de votre koïguchi (N.d.a : littéralement bouche de carpe. Partie du fourreau proche de la garde par laquelle on introduit le sabre). Au moindre mouvement, le poignet est coupé ! Il est évident qu’on n’arme jamais dans ce type de situations. C’est une position extrêmement dangereuse. Dans le Iaï d’aujourd’hui, personne n’est capable de dégainer dans ces circonstances extrêmement difficiles. Même lorsque les pratiquants s’exercent avec un partenaire, celui-ci les laisse armer sans les couper alors qu’ils sont criblés d’ouvertures. On comprend au premier regard que ce type de travail n’a pas de sens ! Pourtant, personne ne prend cela en considération. Enfin, si l’on prend cet exemple, il faut bien admettre que lors des embu d’Aïkido ? tout le monde attaque pour être vaincu. Et si l’on dit « que se passerait-il contre une attaque de boxe ? » on vous répond qu’il ne faut pas réfléchir ainsi. Mais si on ne réfléchit pas ainsi, on reçoit l’attaque. On dit que demander ce genre de choses n’est plus de notre temps, qu’il faut polir son cœur afin de ne pas être frappé, etc, etc (rires) Ce n’est pas faux. Mais si cela arrive, que faire ? Il y a d’innombrables histoires concernant Ueshiba Morihei, comme celle où il fit face au boxeur « Piston » Horiguchi. Et on se demande s’il en existe de semblables concernant ses disciples. Le rapport de l’Aïkido au monde réel est un véritable problème.Le problème essentiel de l’Aïkido est que l’enthousiasme et l’assiduité ne changent pas la capacité à faire face à une situation concrète. Il faut se contenter du plaisir d’une pratique enthousiaste et assidue. C’est très étrange. »

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