Maître visionnaire, Yasuhiro Konishi (1893-1983), créateur du Shindo Jinen Ryu est un personnage marquant de l’histoire des Arts Martiaux :

Selon les termes employés pour le décrire (références Ceinture Noire n°16 d’août 2001), il est « l’homme qui fit du Karate un art martial japonais ».
C’est lui qui accueillit les maîtres d’Okinawa, pionniers du Karate dans les années 1920 et 1930 à leur arrivée au Japon : Gichin Funakoshi, Choki Motobu, Chojun Miyagi, Kenwa Mabuni.
Visionnaire, il accepta de les recevoir et leur permit de se connaître, de travailler ensemble, de développer ce qui par la suite prendra le nom de Karate, au sein d’une seule et même organisation.
A 6 ans, il débute dans les arts martiaux en étudiant le Jiu-Jitsu, à 13 ans il s’investit dans le Kendo, et au lycée il se met au Takeuchi Ryu Jiu-Jitsu, style proche du Karate par la force de ses coups de pieds et de ses coups de poings.
A l’université, il est entraîneur de l’équipe de Kendo et travaillera le Te avec un de ses condisciples venu d’Okinawa Tsuneshige Aragaki.
En 1923, il ouvre son dojo, le Ryubukan et y enseigne le Kendo et le Jiu-Jitsu.
En 1924, Hironiski Othsuka (fondateur du Wado Ryu) et Gichin Funakoshi (créateur du Shotokan) viennent le voir dans l’espoir de pouvoir utiliser le dojo pour y enseigner le Ryu Kyu Kempo Tote Jutsu. Il les accueille.
Un mois plus tard est crée le Tote Club de l’université de Keio, le premier club universitaire de Karate du Japon, dans lequel sont enseignés le Karate-Jutsu, le Kendo, la boxe anglaise, le Jiu-Jitsu.
La réputation de cette école grandit alors que les victoires s’accumulent.
En effet, les défis entre Budoka étaient d’usage, à cette époque.
Avec le temps, il faudra noter trois changements majeurs dans l’histoire du Karate : tout d’abord, les noms des différents katas seront en japonais et non plus en okinawaien, afin d’être mieux perçus par les élèves (le Karate ayant été introduit dans les programmes d’enseignement) ; ensuite Konishi Sensei et Ohtsuka Sensei ajoutent des Ippon Kumite à l’entraînement normal, dans le but de développer davantage l’individu ; enfin en 1929, le kanji de Karate original qui signifiait La Main de Chine indiquant les origines chinoises de cet art, se transforme par le kanji signifiant « la main vide »

Konishi-Yamada-Miyagi-Funakoshi

Konishi-Yamada-Miyagi-Funakoshi

D’autres grands maîtres d’Okinawa viendront enrichir le vécu martial de Konishi Sensei : parmi eux Kenwa Mabuni (fondateur du Shito-Ryu), Chojun Miyagi (fondateur du Goju-Ryu), Choki Motobu considéré comme étant un génie des arts martiaux, rapide et efficace en combat.
En 1935, le Dai Nippon Butoku-Kai, corps gouvernemental réunissant tous les arts martiaux dans une seule organisation, accepte de reconnaître le Karate.
A cette même époque, Konishi Sensei est l’élève de Morihei Ueshiba qui alors enseigne l’ Aïki-Budo.
Ils s’entraîneront régulièrement ensemble, avec Mabuni Sensei, Ohtsuka Sensei.
C’est durant cette période du Butoku-Kai que Morihei Ueshiba fut reconnu par tous comme le grand Maître incontesté, d’où le nom de O-Sensei « le Grand Maître ». Konishi Sensei considérait Morihei Ueshiba comme le plus grand pratiquant d’arts martiaux qu’il ait jamais connu.
Sur les conseils et recommandations de O-Sensei, Konishi développe trois Katas nommés Tai Sabaki, basés sur le Karate et dans lesquels sont incorporés des principes enseignés par Ueshiba.
Il reçoit l’aval du Fondateur de l’Aïkido.
De même, avec Mabuni Sensei, ils créeront le Kata Seiryu, fruit de la collaboration de ces trois Maîtres, qui incorpore l’essence de l’Aïkido, du Jujitsu et du Karate.
En 1938, il est nommé responsable du comité chargé de reconnaître les différents styles de Karate ; il encouragera donc ses amis à donner des noms à leurs écoles.
Miyagi nommera son style le Goju-Ryu, mélange du dur et du souple.
Mabuni, le Shito-Ryu en souvenir de deux de ses professeurs.
Ohtsuka, créera le Wado-Ryu, l’art de la paix, et les étudiants de Funakoshi nommeront son style le Shotokan – Shoto étant son surnom d’écrivain.
Sur la recommandation de Morihei Ueshiba, Konishi nommera son style Shindo Jinen Ryu Karate Jutsu, qui se traduit par « style divin et naturel voie de la main vide ».
C’est ainsi que grâce à Yasuhiro Konishi, tous ces Maîtres d’avant-guerre ont pu collaborer pour le bienfait des arts martiaux modernes.
Après-guerre, Konishi consacra son temps à l’enseignement du Karate dans les entreprises.
A sa mort, son fils Takehiro Konishi lui succéda à la tête de la Japan Karate-Do Ryobu-Kai.