Aujourd’hui, si j’accorde une attention toute particulière à préserver le corps dans la pratique – ce qui n’a pas été toujours le cas, cela est bien évidemment le résultat de mon parcours dans les arts martiaux, de mes recherches, des enseignements et des expériences dont j’ai bénéficiés jusqu’à lors. Mais mon métier ETAPS (Educateur Territorial des Activités Physiques et Sportives) y est aussi pour quelque chose. Polyvalent, j’enseigne au quotidien diverses activités et aussi ce que l’on appelle la « gym bien-être » : Tai-chi, pilates, yoga où le bien-être a de toute évidence sa place, mais tout en respectant les règles qui sous-tendent l’utilisation optimale du corps – règles qui s’avèrent être les mêmes dans la pratique du Budo. Aussi, c’est tout naturellement et avec une grande attention que j’ai suivi en 2008, l’arrivée en France sur l’invitation de Léo Tamaki, de deux Sensei d’exception : Hino Akira et Akuzawa Minoru. Ne pouvant me rendre à Paris aux dates prévues pour les stages, c’est de loin que dans un 1er temps, je les ai observés à travers les articles de Léo ou sur les blogs de Kiaz et Manu. C’est en 2010 que j’ai pu enfin les rencontrer.
HINO BUDO
HINO Sensei est tout d’abord un personnage très attachant, dans la soixantaine. Souriant, disponible et généreux, il n’hésite pas à passer de longs moments avec les stagiaires, à expliquer et réexpliquer encore à chacun. Ici, bien évidemment, il n’est pas question d’apprendre et d’empiler de nouvelles techniques, mais plutôt d’utiliser son corps dans la pratique des Bujutsus et Budos d’une autre manière. Sa pratique s’adresse à tous quelle que soit sa discipline. Hino Sensei est parvenu après plusieurs années de recherche à une compréhension du mouvement époustouflante, qui n’est pas sans rappeler, dans le monde de l’aïkido, des personnages comme Gozo Shioda, non pas par le style mais par la dextérité et la science du mouvement.
AUNKAI
AKUZAWA Sensei a un 1er abord plus réservé, mais reste cependant très agréable, disponible et généreux de détails techniques avec tout le monde. Dans la quarantaine, en pleine force de l’âge, il déploie une puissance vraiment très impressionnante. Son travail consiste à travers une méthode de Tanren qu’il a mise au point, de restructurer les alignements du corps, de s’approprier ses sensations pour dans un second temps les utiliser dans le Bujutsu. Cela passe par des exercices en solo, puis des applications avec partenaires pour vérifier les acquis, et enfin la restitution dans la pratique martiale. Mais il ne faut pas s’y tromper, bien que cela puisse à certains moments ressembler à de la « gym », ce n’est pas pour autant les méthodes Feldenkrais ou de tout autre type de gyms. Tous les exercices étudiés ont pour objectif un transfert dans le Bujutsu. Libre à chacun de ne pas aller jusque là et d’en rester simplement à une meilleure utilisation et compréhension du corps.
Dans ces stages, l’ambiance y est à la fois studieuse, mais très décontractée où tout le monde se donne sans compter dans un esprit de recherche et de partage – ambiance qui me rappelle fortement les stages UAM (Université des Arts Martiaux). Les pratiquants viennent de tous les horizons – Aïkido, Karate, Tai-chi, Yoseikan Budo mais également des activités comme la danse classique, le yoga, etc. Chacun y vient avec ses acquis dans un but commun : celui d’approfondir les fondements de l’utilisation du corps à travers le Budo.
HINO Akira Sensei a rassemblé le fruit de ses recherches au sein d’une école qu’il a nommée Hino Budo. Il n’y a pas dans son système à proprement parler de « méthode », par rapport aux écoles dites « classiques ». Sa pédagogie donne la préférence à l’acquisition des savoirs et des compétences par l’expérience vécue. Il faut ressentir le mouvement pour se l’approprier.
AKUZAWA Minoru Sensei a quant à lui fait le choix opposé de mettre en place une méthode structurée avec une progression – méthode qu’il a nommée Aunkai. Il a également formé de jeunes instructeurs qui peuvent commencer à enseigner les bases de cette discipline.
Si les objectifs diffèrent entre ces deux Sensei dans le choix de la mise en place d’une structure et de la transmission, le but quant à lui, dans la pratique, reste le même : la transformation de l’utilisation du corps pour le meilleur emploi de l’énergie.
Si vous en avez l’occasion, je vous invite à leur rendre visite, car il y a dans la vie des rencontres d’exception qu’il ne faut pas manquer.